J’ai laissé dans la vie d’avant
Les remontées mécaniques
L’hiver, les slaloms géants
La forêt, les clopes, la musique
Et mon frère
Combien de Combe et d’Écureuils
Combien de fois déchaussé
Combien de flèches vermeil
Combien de vœux exaucés
J’écris les mots insuffisants
Les souvenirs ordinaires
De la vie d’avant qu’à présent
Je récupère
J’ai laissé dans la vie d’avant
Le Perfecto, la veste en jean
Les virées jusqu’à Vauhallan
L’autoradio sur le parking
Et mon frère
Combien de pièces de dix balles
Combien de flippers à Vavin
Combien de matchs de football
Combien de bouteilles de vin
J’écris les phrases familières
Et les souvenirs imprécis
De cette vie d’avant qu’ici
Je récupère
J’ai laissé dans la vie d’avant
L’été, la plage d’Hossegor
Les Vuarnet, l’Océan
Les pieds sur le tableau de bord
Et mon frère
Combien de vagues déferlent
Combien de reflets irisés
Combien de figures fractales
Combien de lignes brisées
J’écris les vers rudimentaires
Les éclats d’un monde évanoui
La vie d’avant qu’aujourd’hui
Je récupère
J’ai laissé dans la vie d’avant
Le corps allongé de mon frère
À mes regrets indifférent
Sa peau maquillée couleur chair
Un peu safran
Combien d’amis évaporés
Combien de trucs hallucinants
Combien de tasses de café
Combien de tranquillisants
J’écris ce récit lacunaire
Pour la vie d’avant celle-ci
La vie de mon frère qu’ainsi
Je récupère
Hervé Gasser – décembre 2019

Une pensée pour toi.
Et pour ton frère.
Très émue par ce poème.
Évaporée… mais pas en pensée.
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Merci pour ce texte très émouvant.
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Les mots dansent et les émotions valsent.
Merci pour ce magnifique partage.
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Il fait bon lire une chanson tendre.
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